dimanche 30 novembre 2008

Education, veille, opinions.

Passée la première réaction faite d'un mélange d'outrance, de choc, d'étonnement, mais aussi teintée d'ironie (could big brother be watching us?) vient la réflexion :
faut-il effectivement "fliquer" les profs? La proposition de Xavier Darcos dans un récent communiqué était simple : mettre en place une "veille" des blogs et autres sites internet des travailleur de l'éducation nationale, afin de, je cite "repérer les leaders d’opinion et leurs capacités à se constituer en réseau, afin d’anticiper les risques de contagion et de crise". Et à l'heure des NTIC,des blogs, des emails, effectivement, la question se pose.Aussi vrai que l'école française est un lieu laïc, elle se doit d'être un lieu où les opinions politiques de chacun doivent lui rester strictement personnelle... Surtout lorsqu'on s'adresse à des lycéens proches de la majorité, et de ce fait du droit de vote. Or, il se trouve que plus l'on avance dans les études, moins cela est le cas.
quel que soit le bord politique, les professeurs sont rarement impartiaux (s'il est facile de garder pour soit ses idées lorsqu'on donne un cours de physique chimie, il
en va bien autrement dans le cadre de l'histoire géographie ou l'économie, avec des sujets comme la mondialisation, la croissance économique ou encore le développement
durable- sujets qui sont d'autant plus actuels qu'ils sont des enjeux contemporain.) Théoriquement alors, le problème se pose. Mais dans la pratique, cela a t il des réelles conséquences sur les opinions des élèves? Rien n'est moins sur : à moins d'une propagande acharnée à coup de messages subliminaux ou d'arguments "chocs",
ce qui dans ce cas, est bien rare, les élèves ne sont pas- ou peu influencés par les discours "orientés" de leurs professeurs... Et je parle ici en connaissance de cause: un élève avec une véritable réflexion politique aura le recul nécessaire à forger sa propre opinion. à l'inverse, un élève sans avis sur la question ne s'attardera pas sur les propos tenus... Les professeurs étant de toute façons humains, on ne peut exiger d'eux une impartialité totale, et il vaut mieux au contraire, permettre aux élèves d'avoir une réflexion suffisante pour forger leur analyse d'une situation plutôt que de contraindre un professeur d'ses à être d'une neutralité totale. Soit.

Venons en maintenant aux seuls faits de la réforme : surveiller un blog, une vie militante sur le net constitue à mes yeux une véritable atteinte à la vie privée : dès le moment où un professeur rentre dans sa salle de classe, il quitte du mieux possible ses attaches personnelles et entre dans sa fonction d'enseignant. La limite entre opinions et fonctions, bien que variable selon les personnes, est très nette. Un professeur militant ne sera pas pour autant un mauvais professeur dès lors qu'il la respecte, et rien ne l'empêche d'aller faucher dans les champs d'ogm ou manifester contre l'avortement du moment qu'il n'invite pas ses élèves à l'y rejoindre. C'est avant tout ce mélange de la vie privée et professionnelle, cet amalgame entre l'engagement politique et la qualité de l'enseignement qui rend cette proposition non seulement inacceptable,mais presque malsaine.
Enfin, les termes exact du communiqué parlent d'eux même : la capacité des leaders d'opinions à se constituer en réseau n'a pas à inquiéter
un gouvernement dès lors que celui ci est légitime et prêt à faire des compromis. De même, les idées ne sont jusqu'à nouvel ordre pas "contagieuses", mais peuvent
effectivement se propager rapidement si le peuple est en désaccord avec les conjonctures actuelles, et une "crise" ne s'"anticipe" pas : elle se combat en tenant compte des propositions adverses et en respectant la légitimité des foules à se gouverner elles même :le gouvernement est élu par et pour la population.
C'est en conclusion que l'article 19 de la déclaration universelle des droits de l'homme a sa meilleure place, puisqu'il résume à lui seul par son existence, sa raison d'etre et son
essence même l'enjeu de cette réforme :

"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit."

Déclaration Universelle des droits de l'Homme -1948

3 commentaires:

Chmop a dit…

eh bien sa maman, quel article !
tu pourrais me faire mes disserts de philo ? haha plus sérieusement, je suis du meme awis que touah, et c'est wrai que certains de nos profs au lycée nous déwoile carrément leur point de wue politique etc. Et tu te rappelles, un peu orsuj, quand Carnat await demandé qui est orthodoxe ? et que j'awais rép et qu'elle était toute confuse : oh non non j'ai pas le droit de wous demander ça ! haha mais c'est wrai que ceux qui n'ont pas d'opinions, suffit que qqun dise ceci, pour qu'ils disent pareil, ça me fanne. -_x

Chmop a dit…

il faut une part de mystérious, les profs doiwent etre neutre. totalement. et nous apprendre la base des trucs, et pas rajouter des : ça c'est bien, ça c'est pas bien. Genre c'est ce qu'il pense eux. Qui sait hitler était ptêtre un bon homme dans le fond ? hahaha.. mais d'un coté, si les profs seraient à 100% neutre, on dewrait l'etre aussi, et pas s'afficher au lycée aec un sac aec écrit Anarchie dessus..

Lhansen-Love a dit…

Sur ce sujet, Aida, avez-vous lu "Qu'est-ce que les Lumières, de Kant, avec la fameuse distinction sur lusage privé ( dans le cadre d'une fonction) et l'usage public de la raison?
Un prof peut dire tout ce qu'il veut à la TV ou dans des livres. Mais devant ses élèves, il doit s'abstenir de les orienter selon ses propes options...
Qu'en pensez-vous?
Bravo pour la démarche du blog!
Je le signale sur les miens.