"Eux, c'est pas des lycéens, c'est qu'une bande de "z'y va". On va les choper."
C'est la réponse que me donne un CRS lors de ma tentative, si ce n'est prise en compte, du moins fondamentalement pacifiste d'empêcher le corps de CRS de viser
la foule amassée rue de la bourse à coup de flashballs déja dégainés. 17/12/2008, il était 10h lorsque qu'environ 200 personnes sont arrivées devant le lycée ampère bourse.
Au milieu du cortège, les intentions sont disparates : blocage, manifestation sauvage, tentative d'ameuter les élèves du lycée à rejoindre le mouvement déja lancé la veille et traduit à ampère par un blocus calme, prêt à toutes les concessions possibles pour rester soutenu par l'administration et la majorité des élèves : prépas, bts, lycéens, tous ont pu entrer en cours lorsqu'ils l'ont voulu, passant au travers des mailles d'un blocage plus symbolique que belliqueux. Mais pour les élèves du lycée ce jour, bien peu de sorties sont possible: par peur de la casse, l'administration a fermé toutes les sorties, et les élèves tentent par petits groupes de sortir par des portes plus ou moins bien encadrées par les surveillants, sous les cris de la foule extérieure qui salue chaque fuite à coups de sifflets répétés. Devant la porte du lycée, déja barricadée de l'intérieur, un regroupement de poubelles sur lesquelles les leaders du mouvement appellent les lycéens à faire du bruit. Et les slogans fusent. Pourtant aujourd'hui, la violence dans l'atmosphère est palpable. Différentes vagues de lycées arrivent pour aider au blocus, et toutes apportent avec elles leur lot de tensions .Énervés, surexcités, les bloqueurs vont
jusqu'à tenter d'enfoncer la porte principale quand des élèves, coincés derrière, crient pour montrer leur soutient... Puis arrivent les élèves de Lacassagne,
lycée du 3e arondissement, réputé pour sa population "en difficulté". C'est à ce moment là qu'une habitante d'un immeuble d'en face, pour des raisons inconnues,
décide de jeter des oeufs, de sa fenetre, entre le cortège de lycéens et le groupe de crs présent depuis le début.
La réaction est immédiate: En position de tir, oeil dans le viseurs, ceux ci dégainent leurs "armes à létalité attenuées" : les flashballs. C'est alors que, toute proche des CRS et ayant assissté à la scène, je me permet d'intervenir: "Escusez moi...je viens d'en être témoin, c'est une habitante de l'immeuble d'en face qui vient de jeter des oeufs.Il n'y a eu aucun débordement de la part des lycéens" Me montrant le groupe de lycéens de lacassagne,c'est alors que la remarque citée plus haut est lachée :
"Eux, c'est pas des lycéens, c'est qu'une bande de "z'y va". On va les choper." ma réponse, surement plus inutile que pertinente, fuse sans que je puisse m'en
empecher "Ce sont des lycéens, ils viennent de lacassagne. et je ne pense pas que z'y va soit le terme approprié pour les désigner." Le sourire moqueur du
fonctionaire me laisse réaliser à quel point mon intervention est vaine, et m'incite à m'approcher de la foule, dispersée par la réaction des policiers.
" Tout le monde aux terreaux". La masse se tourna donc vers les terreaux pour rejoindre les centaines d'autres lycéens présents. La manifestation avance, mais une
fois de plus, la tension est palpable. Sans pour autant tourner à l'émeute, les slogans cette fois sont bien différents. "Darkos, on t'encule", le ras le bol des lycéens ne se traduit plus désormais par le bon enfant "au clair de la lune, mon ami Darkos". Bref passage devant le lycée ampère, où je décide de m'arreter. La manfestation repart, et cette fois, les CRS la suivent de près... à tort où a raison : quelques minutes plus tards, probablement occupés à controler l'indentité de quelques "zy va",ils ne sont plus présent lorsque les casseurs arrivent : une cinquantaine, peut être plus, tous cagoulés, passent en courant dans l'étroite rue de la bourse. Coups contre les portes du lycée, renversement des poubelles, coups aux voitures, leur passage éclair laisse derrière eux un tableau chaotique, attribué par les quelques passants aux manifestants et aux bloqueurs, qui pourtant s'évertuent à nettoyer les dégats.
Fin de matinée plus calme, les CRS sont de retour autour d'ampère,cible facile pour les casseurs du fait de sa position en centre ville. Mais tous ne semblent pas affairés comme ils le devraient, en tout cas pas le groupe situé près de moi lorsqu'un camarade de classe d'origine maghrébine passe devant eux :
leur remarquable imitation du singe à ce moment n'a d'égale que l'indifférence que celui ci à réussi à manifester en face de tant de mépris. Place des terreaux un peu
plus tard, le message de certains est clair "Maintenant, faut que ça parte en couille si on veut qu'ils nous écoutent. Il faut tout niquer". Mais démotivés par le froid et la faim, les manifestants se dispersent.
De nombreux débordements,donc et une bonne discrédibilisation du mouvement lycéen, du fait son incapacité à faire passer un message cohérent pour bilan d'une journée placée, bien plus que sous le signe de la violence, sous celui de la caricature.
mercredi 17 décembre 2008
dimanche 30 novembre 2008
Education, veille, opinions.
Passée la première réaction faite d'un mélange d'outrance, de choc, d'étonnement, mais aussi teintée d'ironie (could big brother be watching us?) vient la réflexion :
faut-il effectivement "fliquer" les profs? La proposition de Xavier Darcos dans un récent communiqué était simple : mettre en place une "veille" des blogs et autres sites internet des travailleur de l'éducation nationale, afin de, je cite "repérer les leaders d’opinion et leurs capacités à se constituer en réseau, afin d’anticiper les risques de contagion et de crise". Et à l'heure des NTIC,des blogs, des emails, effectivement, la question se pose.Aussi vrai que l'école française est un lieu laïc, elle se doit d'être un lieu où les opinions politiques de chacun doivent lui rester strictement personnelle... Surtout lorsqu'on s'adresse à des lycéens proches de la majorité, et de ce fait du droit de vote. Or, il se trouve que plus l'on avance dans les études, moins cela est le cas.
quel que soit le bord politique, les professeurs sont rarement impartiaux (s'il est facile de garder pour soit ses idées lorsqu'on donne un cours de physique chimie, il
en va bien autrement dans le cadre de l'histoire géographie ou l'économie, avec des sujets comme la mondialisation, la croissance économique ou encore le développement
durable- sujets qui sont d'autant plus actuels qu'ils sont des enjeux contemporain.) Théoriquement alors, le problème se pose. Mais dans la pratique, cela a t il des réelles conséquences sur les opinions des élèves? Rien n'est moins sur : à moins d'une propagande acharnée à coup de messages subliminaux ou d'arguments "chocs",
ce qui dans ce cas, est bien rare, les élèves ne sont pas- ou peu influencés par les discours "orientés" de leurs professeurs... Et je parle ici en connaissance de cause: un élève avec une véritable réflexion politique aura le recul nécessaire à forger sa propre opinion. à l'inverse, un élève sans avis sur la question ne s'attardera pas sur les propos tenus... Les professeurs étant de toute façons humains, on ne peut exiger d'eux une impartialité totale, et il vaut mieux au contraire, permettre aux élèves d'avoir une réflexion suffisante pour forger leur analyse d'une situation plutôt que de contraindre un professeur d'ses à être d'une neutralité totale. Soit.
Venons en maintenant aux seuls faits de la réforme : surveiller un blog, une vie militante sur le net constitue à mes yeux une véritable atteinte à la vie privée : dès le moment où un professeur rentre dans sa salle de classe, il quitte du mieux possible ses attaches personnelles et entre dans sa fonction d'enseignant. La limite entre opinions et fonctions, bien que variable selon les personnes, est très nette. Un professeur militant ne sera pas pour autant un mauvais professeur dès lors qu'il la respecte, et rien ne l'empêche d'aller faucher dans les champs d'ogm ou manifester contre l'avortement du moment qu'il n'invite pas ses élèves à l'y rejoindre. C'est avant tout ce mélange de la vie privée et professionnelle, cet amalgame entre l'engagement politique et la qualité de l'enseignement qui rend cette proposition non seulement inacceptable,mais presque malsaine.
Enfin, les termes exact du communiqué parlent d'eux même : la capacité des leaders d'opinions à se constituer en réseau n'a pas à inquiéter
un gouvernement dès lors que celui ci est légitime et prêt à faire des compromis. De même, les idées ne sont jusqu'à nouvel ordre pas "contagieuses", mais peuvent
effectivement se propager rapidement si le peuple est en désaccord avec les conjonctures actuelles, et une "crise" ne s'"anticipe" pas : elle se combat en tenant compte des propositions adverses et en respectant la légitimité des foules à se gouverner elles même :le gouvernement est élu par et pour la population.
C'est en conclusion que l'article 19 de la déclaration universelle des droits de l'homme a sa meilleure place, puisqu'il résume à lui seul par son existence, sa raison d'etre et son
essence même l'enjeu de cette réforme :
"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit."
Déclaration Universelle des droits de l'Homme -1948
faut-il effectivement "fliquer" les profs? La proposition de Xavier Darcos dans un récent communiqué était simple : mettre en place une "veille" des blogs et autres sites internet des travailleur de l'éducation nationale, afin de, je cite "repérer les leaders d’opinion et leurs capacités à se constituer en réseau, afin d’anticiper les risques de contagion et de crise". Et à l'heure des NTIC,des blogs, des emails, effectivement, la question se pose.Aussi vrai que l'école française est un lieu laïc, elle se doit d'être un lieu où les opinions politiques de chacun doivent lui rester strictement personnelle... Surtout lorsqu'on s'adresse à des lycéens proches de la majorité, et de ce fait du droit de vote. Or, il se trouve que plus l'on avance dans les études, moins cela est le cas.
quel que soit le bord politique, les professeurs sont rarement impartiaux (s'il est facile de garder pour soit ses idées lorsqu'on donne un cours de physique chimie, il
en va bien autrement dans le cadre de l'histoire géographie ou l'économie, avec des sujets comme la mondialisation, la croissance économique ou encore le développement
durable- sujets qui sont d'autant plus actuels qu'ils sont des enjeux contemporain.) Théoriquement alors, le problème se pose. Mais dans la pratique, cela a t il des réelles conséquences sur les opinions des élèves? Rien n'est moins sur : à moins d'une propagande acharnée à coup de messages subliminaux ou d'arguments "chocs",
ce qui dans ce cas, est bien rare, les élèves ne sont pas- ou peu influencés par les discours "orientés" de leurs professeurs... Et je parle ici en connaissance de cause: un élève avec une véritable réflexion politique aura le recul nécessaire à forger sa propre opinion. à l'inverse, un élève sans avis sur la question ne s'attardera pas sur les propos tenus... Les professeurs étant de toute façons humains, on ne peut exiger d'eux une impartialité totale, et il vaut mieux au contraire, permettre aux élèves d'avoir une réflexion suffisante pour forger leur analyse d'une situation plutôt que de contraindre un professeur d'ses à être d'une neutralité totale. Soit.
Venons en maintenant aux seuls faits de la réforme : surveiller un blog, une vie militante sur le net constitue à mes yeux une véritable atteinte à la vie privée : dès le moment où un professeur rentre dans sa salle de classe, il quitte du mieux possible ses attaches personnelles et entre dans sa fonction d'enseignant. La limite entre opinions et fonctions, bien que variable selon les personnes, est très nette. Un professeur militant ne sera pas pour autant un mauvais professeur dès lors qu'il la respecte, et rien ne l'empêche d'aller faucher dans les champs d'ogm ou manifester contre l'avortement du moment qu'il n'invite pas ses élèves à l'y rejoindre. C'est avant tout ce mélange de la vie privée et professionnelle, cet amalgame entre l'engagement politique et la qualité de l'enseignement qui rend cette proposition non seulement inacceptable,mais presque malsaine.
Enfin, les termes exact du communiqué parlent d'eux même : la capacité des leaders d'opinions à se constituer en réseau n'a pas à inquiéter
un gouvernement dès lors que celui ci est légitime et prêt à faire des compromis. De même, les idées ne sont jusqu'à nouvel ordre pas "contagieuses", mais peuvent
effectivement se propager rapidement si le peuple est en désaccord avec les conjonctures actuelles, et une "crise" ne s'"anticipe" pas : elle se combat en tenant compte des propositions adverses et en respectant la légitimité des foules à se gouverner elles même :le gouvernement est élu par et pour la population.
C'est en conclusion que l'article 19 de la déclaration universelle des droits de l'homme a sa meilleure place, puisqu'il résume à lui seul par son existence, sa raison d'etre et son
essence même l'enjeu de cette réforme :
"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit."
Déclaration Universelle des droits de l'Homme -1948
samedi 15 novembre 2008
Du pourquoi et comment de ce blog.
Tout simplement parce que pour préparer science po, on nous demande un domaine de connaissances aussi vaste que profond, mais aussi de savoir le présenter correctement. Ce blog sera donc pour moi plus un "entrainement" à la rédaction et à la réflexion plus qu'un moyen de propager mes idées- le 0 visites hebdomadaire ne me fait pas peur, au contraire, il m'arrange. Fréquence : un article par semaine au minimum, à propos d'un sujet quelconque, récent ou pas, en essayant d'éviter de tomber dans l'anecdotique ou le catalogue, choses auxquelles j'ai tendance à succomber plus souvent qu'attendu.
Here we go?
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